Le sport, c’est une activité qui est censée faire du bien et qui peut aider à se reconnecter avec son corps. Je suis complètement d’accord avec ça mais je sais aussi que la relation au sport peut être très compliquée. Le sport et moi, en tout cas, on n’a jamais été très copains.

En me réconciliant avec mon corps, j’ai aussi essayée de me réconcilier avec le sport. C’est un processus toujours en cours et qui m’amène encore régulièrement à me poser beaucoup de questions. Et une des difficultés dans le fait de se (re)mettre au sport quand on s’est toujours pensée trop grosse, c’est de le faire sans penser à maigrir…

Je ne suis pas sportive

J’ai toujours été la meuf pas sportive. J’ai l’impression d’avoir entendu ça toute ma vie, “tu n’es pas sportive”, et avoir ressenti que c’était un gros défaut, comme si aimer le sport, c’était la base. Alors forcément, les activités sportives ont toujours été, pour moi, tachées de culpabilité et d’anxiété.

Entre douleur et culpabilité

La culpabilité d’avoir moins d’endurance que les autres. La culpabilité de ne pas adorer ça comme tout le monde. La culpabilité d’être trop grosse et de ne pas réussir à me forcer à m’épuiser dans des activités physiques détestées qui pourraient me faire maigrir.

J’ai une relation tellement complexe avec le sport que j’ai mis des années à réaliser que je n’étais pas autant une moule que ce que je pensais. Et même que je pouvais même apprécier des trucs comme “courir” (#mindblown).

Pendant longtemps, le sport était quelque chose de douloureux. Je détestais avoir le visage en feu, le cœur qui bat vite, les jambes qui tremble d’épuisement soudain. Je me comparais aux autres qui étaient toujours plus endurant·e·s que moi, qui semblaient à peine fatigué·e·s alors que je n’en pouvais déjà plus. Et puis l’exercice physique, c’était surtout l’humiliation des cours d’EPS, rien de bien épanouissant.

Comment j’ai retrouvé le plaisir de l’exercice physique

Récemment, je suis retournée à la piscine. Je me baigne dans l’océan breton et les rivières ardéchoises tous les étés, mais ce n’est pas pareil. La piscine, je n’y étais pas allée depuis 2012, quand j’avais vaguement essayé de faire du sport dans l’espoir de perdre les vingt kilos offerts par ma thyroïde fatiguée.

J’y étais alors allée quelques fois, et l’expérience avait des plus déprimantes. La natation, c’est le seul sport que j’ai toujours apprécié et dans lequel en plus j’étais bonne. Mais en plein hypothyroïdie (qui me fait notamment souffrir de douleurs articulaires, musculaires, d’une grande fatigue et d’une baisse de moral) et avec un corps nouveau, je n’arrivais plus à nager comme avant. Mon optimisme d’aujourd’hui dirait que ce n’est pas grave et que ça va revenir. Ma maladie à l’époque me laissait plutôt penser que j’étais nulle et qu’il fallait abandonner.

Quelques années plus tard, j’ai voulu reprendre le sport, clairement pour maigrir, mais pas uniquement. J’avais aussi envie de travailler mon endurance, mon souffle, et de me reconnecter avec mon corps. Et plutôt que de retourner à la piscine et faire face à la déception, j’ai choisi un sport dans lequel j’avais toujours été nulle : le running. Au moins, je ne pouvais pas être déçue, et je n’avais aucune culpabilité à me mettre de tous petits objectifs du genre “si je cours 1min c’est déjà bien”.

Peu de temps après, j’ai commencé à me renseigner plus sur la maladie d’Hashimoto qui cause mon hypothyroïdie, et l’importance de faire de l’exercice, mais sans chercher à forcer, sans être dans la compétition, en écoutant son corps, revenait tout le temps. J’ai alors vraiment réussi à changer mes perspectives. Le sport, oui, mais pas pour être la plus forte, pas pour me mettre des challenges de fou, pas pour maigrir. Juste pour le plaisir et pour me faire du bien, dans la limite des mes capacités et envies du jour. J’ai continué à courir, puis j’ai arrêté, en ce moment j’essaye plutôt d’aller marcher, et peut-être que je reprendrai la course plus tard. Bref, on verra. Pas de pression.

Depuis quelques semaines, j’avais envie d’aller nager. J’y pensais régulièrement (truc de ouf quand on sait d’où je viens avec le sport). Et pourtant je sentais la vieille angoisse remonter. Celle d’avoir peur de se sentir nulle, de sentir que mon corps n’a pas les capacités que je voudrais avoir, sans parler de devoir me mettre en maillot de bain alors que j’ai le ventre gonflé et des poils qui repoussent (oui, ça fait beaucoup).

J’y suis allée en me disant que j’avais le droit de partir après deux longueurs, que je n’allais même pas essayer le crawl (une nage que j’aime beaucoup mais avec laquelle j’avais eu trop de mal la dernière fois), et que je n’étais pas obligée d’y retourner ensuite. C’était toujours un peu compliqué de faire face au fait que je nage moins bien qu’avant mais j’arrive maintenant à me dire que ça reviendra, et surtout que ce n’est pas grave.

Du sport, oui, mais pas pour maigrir ?

Après ma victoire piscinesque, la pensée que si j’arrivais à en faire une habitude j’allais peut-être maigrir est arrivée sans que je la vois venir.

J’ai beau avoir travaillé sur ma relation avec mon corps, m’être réconciliée avec moi-même, je me laisse encore surprendre de temps en temps par cette possibilité de maigrir. Et je sais qu’il est normal que cette idée revienne, puisque nous vivons dans une société qui nous répète que ce qui est attendu, c’est la minceur. Mais je n’ai pas envie de regarder les choses basiques de la vie, et indispensables, comme manger et bouger, toujours dans le prisme de mon poids (et donc pas de ma santé, de mon bien-être et de mon plaisir) (sans parler du danger, et de l’inefficacité, des régimes). Je veux faire du sport parce que ça me fait du bien, pas pour perdre du gras (et culpabiliser si ça ne marche pas).

Petite parenthèse : si toi tu essayes de perdre du poids, je ne te juge aucunement. J’espère juste que tu le fais avec l’aide d’un·e professionnel·le bienveillant·e et sans régime toxique.

Pour revenir au sport et à l’exercice physique plus généralement, c’est pour moi dans ces activités que l’envie de maigrir revient, probablement parce que j’y ai associé pendant des années la culpabilité de ne pas suffisamment aimer ça pour être mince. Une culpabilité qui ne méritait pas d’être puisque malgré ce qu’on entend régulièrement, faire du sport n’est pas la recette magique pour être mince, tout comme les régimes. Même si cette pensée revient encore de temps en temps, c’est désormais (et heureusement), sans sa vieille culpabilité et pas pour bien longtemps.

Comment se réconcilier avec le sport ?

Je te raconte ma vie, mais toi ce que tu aimerais savoir c’est peut-être comment faire pour te réconcilier avec l’exercice physique sans le voir uniquement comme une activité pour maigrir. Voici ce qui m’a aidée :

  • les cours d’EPS, c’est du passé, et pas une bonne mesure de ce que le sport est vraiment. J’ai super mal vécu les cours de sport à l’école. Mais si aujourd’hui tu décides de te mettre à la course, à la natation, au yoga, à la marche, à la danse… sache que ça n’aura rien à voir avec les cours d’EPS. Essaye de les voir comme deux choses bien différentes. Il y a d’un côté l’EPS et de l’autre le sport que tu fais aujourd’hui. Et si tu es encore au lycée et que tu dois supporter l’EPS, courage, c’est bientôt fini.
  • choisis une activité qui te fais envie: tu n’es pas obligée de t’inscrire dans une salle de sport même si tout le monde autour de toi le fait. Tu n’es pas obligée d’aimer le yoga. Tu n’es même pas obligée de faire un sport très physique. Si tu as envie de marcher, c’est très bien, et pas une activité physique “moindre” (je dis ça parce que je l’ai déjà pensé en culpabilisant de marcher plutôt que de faire du finess-torture).
  • écoute-toi : ce qui compte c’est ce qui te fait du bien. Alors si l’activité physique que tu as choisie ne te plait pas, t’épuise, que tu y vas à reculons, tu as le droit de laisser tomber.
  • le sport ce n’est pas forcément la compétition : si te mettre des challenges te motive, alors tant mieux. Mais je sais que moi, c’est justement ce qui m’a fait détesté le sport pendant longtemps. Il faut toujours essayer d’être la meilleure et dépasser ses records. Tu n’es pas obligée de te comparer aux autres, et ni à toi-même. Si ton but c’est de courir 1min et de marcher 15min, c’est très bien si c’est ce que tu sens que tu peux faire. Et si un jour tu cours 2min, tant mieux, tu t’en réjouiras bien sûr, mais pas la peine de se mettre la pression pour y arriver.

Faire de l’exercice physique, ça peut être très chouette, et une façon de se reconnecter avec son corps. Mais ça ne fait pas forcément maigrir et ce n’est pas grave. Ce qui est bien avec le sport, c’est que ça va t’aider à te détendre, à te sentir en forme, à t’aérer l’esprit… Trouve ta raison de faire du sport qui soit positive et pas une façon de plus de te dire que ton corps doit changer parce que tu mérites de t’aimer comme tu es !

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